Retrouver le goût du débat avec les V.I.P

La fabrique de l’information en question

Coop-médias n’a même pas un an mais déjà 1000 idées et 2200 sociétaires dans la SCIC. La jeune coopérative entend redonner confiance aux citoyen·nes en leur permettant de se mobiliser et faciliter l’accès à une information pluraliste et de qualité pour tous les publics. Les veillées avec leur volonté de remettre au goût du jour le débat d’idées s’inscrivent dans cette démarche.

« La question de la fabrique de l’information est au cœur du projet de Coop-médias. Avec d’autres, nous faisons le constat que la concentration des médias aux mains de quelques-uns n’est pas neutre et a une influence sur le débat démocratique*. Avec ces veillées, on voudrait que les gens questionnent davantage ce qu’ils lisent et regardent en leur donnant de nouvelles clés de lecture» propose Alice Pouillier, directrice communication et levée de fonds pour Coop-médias.

Pendant deux heures, les participant·es vont essayer de se faire une opinion éclairée sur une grande question d’actualité. La méthode ? Confronter différentes sources et débattre !  Avec les autres, ils vont aller interroger la production de l’information – qui dit quoi comment et dans quel but ? – mais aussi leurs propres biais cognitifs.

«  Nos habitudes médiatiques changent tout le temps. Avec l’intelligence artificielle et les réseaux sociaux, on a de plus en plus de mal à se faire un avis » explique Pierre Mousset, chargé d’éducation aux médias pour Les Autres Possibles.

Sortir de sa bulle informationnelle

Sur internet, on ne voit pas les mêmes choses. On ne va pas chercher les mêmes informations, on ne consulte pas les mêmes sources. Même ce qui est poussé dans notre assiette varie en fonction de notre historique de navigation, de nos achats, de notre profil socio-économique. Le fait divers qui vous empêche de dormir sera peut-être totalement inconnu à votre voisin.  Mais si nous ne partageons plus la même réalité, comment continuer à échanger ?

« Avec ces veillées, on va inviter les gens à sortir de leur bulle informationnelle et interroger leurs opinions. Pourquoi je pense ce que je pense ? Pourquoi je fais confiance à ce média ? On essaye de créer un cadre de confiance pour que les participant·es puissent parler librement et ne se contentent pas de répéter ce qu’ils pensent que nous voulons entendre. Pour pouvoir déconstruire les idées reçues  et les préjugés, il faut être libre de pouvoir les dire dans un premier temps » explique Pierre Mousset.

« Les espaces de discussion sont de plus en plus limités. Sur internet, c’est difficile d’argumenter et cela finit souvent en affrontement. Avec les veillées, on n’a pas nécessairement l’objectif que les gens tombent d’accord ou réussissent à convaincre l’autre. L’idée c’est vraiment de retrouver l’envie de discuter de sujets d’actualité dans un cadre apaisé avec des informations de qualité » conclut Alice Pouillier.

L’éducation aux médias, l’affaire de toutes et tous

S’éduquer aux pratiques médiatiques ce n’est pas que pour les collégien·nes ! On surestime souvent notre capacité à démêler le vrai du faux. Comme si celui qui tombait dans le panneau serait juste crédule ou idiot. Pourtant Pierre Mousset rappelle que « les plus de 65 ans partagent 7 fois plus les fake news que les plus jeunes » citant une étude de la revue Science Advances * « Tous les jours, on partage des articles sans les avoir lu. Juste parce que le titre nous a amusé ou interpellé ».

Raison de plus pour se joindre à cette première veillée d’information populaire au Solilab ! Et si l’expérience s’avère concluante, Coop-médias envisage de diffuser largement le mode d’emploi pour que des soirées V.I.P voient le jour un peu partout.

Sources

* En France, onze milliardaires détiennent 80 % de la presse quotidienne généraliste, quasiment, 60 % de la part d’audience en télé et la moitié des audiences de la radio / https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA

* France Inter – La Une de la Science